Le traitement cognitif du genre en français
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Fanny MEUNIER
Cadre de l'étude et objectifs
Collaborateurs: E. Spinelli, A. Seigneuric, F.-X. Alario
Chaque langue est caractérisée par un système de genre qui lui est propre. D’une langue à l’autre, on observe des variations dans le nombre de classes (deux comme en italien, espagnol et français jusqu’à six pour le swahili), dans les principes qui dirigent l’assignation des noms aux classes de genre, dans le poids relatif de ces principes, et dans les marques morpho-syntaxiques intervenant dans l’accord. En anglais, la règle d’assignation s’appuie presque exclusivement sur des principes sémantiques. En français, le système grammatical de genre est complexe, il repose sur des principes sémantiques, formels ou arbitraires. Malgré son omniprésence dans notre langue, les mécanismes cognitifs intervenant lors de son traitement ne sont encore que très peu connus, car peu étudiés en psycholinguistique (Schriefers & Jescheniak, 1999). Le genre des mots est-il stocké et associé à chaque représentation lexicale, ou les informations non lexicales comme les régularités de la langue sont-elles utilisées ? Nous nous intéressons à la précocité de l’intégration de l’information de genre inhérente à un mot : est-elle intégrée à un stade pré-lexical, c'est-à-dire avant que le mot ne soit extrait du lexique mental, ou plutôt à un niveau post-lexical, ce qui impliquerait que l’information se rapportant au genre d’un mot ne serait retrouvée qu’une fois le mot extrait. Nous avons observé, grâce à des expériences d’amorçage, une intégration plutôt tardive du genre. Par ailleurs, il existe des régularités dans la distribution des terminaisons nominales en langue française : par exemple les mots se terminant en -ette sont très majoritairement féminins, donc la probabilité pour un nom se terminant en -ette d’être féminin est plus élevée que celle d’être masculin. Les études de chronométrie déjà réalisées opposent le traitement des noms portant une terminaison fortement prédictive du genre (par exemple fourchette) à des noms portant une terminaison non-prédictive du genre (par exemple squelette). Les résultats montrent que plus la terminaison est prédictive du genre du nom qui la porte, plus la catégorisation est rapide. Il reste à définir clairement ce qu’est ‘la terminaison’.
Financements
- ACI Jeunes Chercheurs
Architecture du lexique mental : Morphologie et Genre Grammatical Ministère de la Recherche 2002-2005 - Programme Emergence
Architecture du lexique mental : Morphologie et Genre Grammatical Région Rhône-Alpes 2002-2005
Publications
- Meunier, F., Seigneuric, A., Spinelli, E., 2008, "The Morpheme Gender Effect: Evidence for Decomposition", Journal of Memory and Language, 58:1, pp. 88-99
- Meunier, F., Seigneuric, A., Spinelli, E., 2005, "The Morpheme Gender Effect: An Evidence for Decomposition ", proc. of The 27nd Annual Meeting of the Cognitive Science Society (Cogsci2005), Stresa, Italie, 21-23 juillet
- Seigneuric, A., Zagar, D., Meunier, F., Spinelli, E., 2007, "The relation between language and cognition in 3- to 9-year-olds: The acquisition of grammatical gender in French", Journal of Experimental Child Psychology, 96, pp. 219-246
- Spinelli, E., Meunier, F., Seigneuric, A., 2006, "Does gender information influence early phases of spoken word recognition?", The Mental Lexicon, 1:2, pp. 277-297
- Spinelli, E., Meunier, F., Seigneuric, A., 2005, "Does gender information influence early phases of spoken word recognition? ", proc. of The 27nd Annual Meeting of the Cognitive Science Society (Cogsci2005), Stresa, Italie, 21-23 juillet
- Taft, M., Meunier, F., 1998, "Lexical representation of gender: a quasi-regular domain", Journal of Psycholinguistic Research, 27:1, pp. 23-45
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