Conférence de Christophe dos Santos : "Pourquoi certains mots sont-ils acquis plus tôt que les autres ?" (9h30-10h30)
La recherche sur l’acquisition du vocabulaire s’est largement accélérée depuis le milieu des années 2000 et ceci pour deux raisons principales : la première est la possibilité de travailler avec de grandes quantités de données notamment la base de données CHILDES (MacWhinney, 2000) mais également grâce à l’émergence de bases de données lexicales comme lexique 3 pour le français (New et al, 2007) ; La seconde est l’adaptation du « MacArthur-Bates Communicative Development Inventories » dans de nombreuses langues dont le français (Kern et Gayraud, 2010).
Cette conférence se propose d’explorer quelques facteurs qui ont été proposés pour expliquer l’ordre d’acquisition du vocabulaire :
- la fréquence de l’exposition : le fait qu’un mot soit fréquent est-il le gage qu’il soit acquis tôt ?
- la densité de voisinage : être un mot qui ressemble phonologiquement à un grand nombre d’autres mots de la langue est-il un avantage ou un inconvénient pour son acquisition ?
- la complexité phonétique : est-ce qu’un mot difficile à produire sera acquis plus tardivement ?
Ces facteurs seront analysés à partir des données recueillies grâce à l’IFDC (Kern et Gayraud, 2010) pour une population d’enfants francophones monolingues. Une extension de ce travail sur une population bilingue français-portugais sera également présentée si le temps le permet.
Références
Fenson, L., Dale, P. S., Reznick, J. S., Bates, E., Hartung, J. P., Pethick, S., & Reilly, J. S. (1993). MacArthur Communicative Development Inventories: user's guide and technical manual. San Diego, CA: Singular Press.
Kern, S. & F. Gayraud (2010). L’IFDC, Editions La Cigale, Grenoble.
MacWhinney, B. (2000). The CHILDES project: tools for analyzing talk, 3rd ed. Mahwah, NJ: Erlbaum.
New, B., Brysbaert, M., Veronis, J., Pallier, C. (2007). The use of film subtitles to estimate word frequencies. Applied Psycholinguistics, 28(4), 661-677
Conférence de Sandrine Ferré : "LITMUS-NWR-FRENCH ou comment la complexité phonologique permet l'identification du TSL chez les bilingues." (11h00-12h00)
Les enfants avec trouble spécifique du langage (TSL) sont particulièrement sensibles à la complexité phonologique (e.g. Gallon et al., 2007). Un déficit particulier sur les consonnes (e.g. Orsolini et al., 2001) et des difficultés d’association de ces consonnes avec la structure syllabique ont été rapportés (Ferré et al., 2012). Ainsi la complexité phonologique peut être considérée comme un domaine fiable pour l’identification du TSL. Toutefois dans un contexte bilingue, les problèmes avec la structure syllabique peuvent être causés soit par des constructions qui ne sont pas encore acquises dans la L2 soit par un trouble du langage. Chez les bilingues, le diagnostic est donc difficile à établir et on observe de nombreux cas de sur- et de sous-diagnostics (Grimm & Schulz, 2014). Une solution à ce problème est d’utiliser une tâche de production qui limite le poids lexical et qui minore l’importance de l’exposition à la langue seconde (Chiat à paraître).
Nous avons ainsi construit une tâche de répétition de non-mots (LITMUS-NWR-FRENCH, Ferré et dos Santos, à paraître) qui contient deux type d’items : des non-mots ‘Langage-Indépendant’ (LI) construits à partir de phonèmes et de contraintes phonotactiques présentes dans la plupart des langues du monde (Maddieson et al. 2011), et des non-mots ‘Langage-dépendant’ (LD) considérés comme complexes parce qu’ils contiennent des caractéristiques spécifiques à peu de langues (et notamment le français).
Nous présenterons les résultats à ce test de quatre groupes d’enfants monolingues et bilingues, avec et sans TSL (N=89). Nous verrons ainsi si le test est apte à démêler l’influence du bilinguisme de celle du TSL. Nous examinerons également les variables qui permettent de discriminer les enfants avec TSL des enfants au développement typique, et ce, quel que soit le contexte d’acquisition. Nous supposons en effet que certaines structures complexes pourraient fonctionner comme un marqueur clinique du TSL, et ce, même dans un contexte bilingue.
Références
Chiat, Shula (to appear), “The COST Action IS0804 framework for nonword repetition tests,” in: Sharon Armon-Lotem, and Jan de Jong (Eds.), Methods for assessing multilingual children: disentangling bilingualism from Language Impairment. Bristol, UK: Multilingual Matters.
Ferré, S., Tuller, L., Sizaret, E. & Barthez, M.-A. (2012) Acquiring and avoiding phonological complexity in SLI vs. typical development of French: The case of consonant clusters, in Hoole, P. (Ed.), Bombien, L. (Ed.), Pouplier, M. (Ed.), et al. (2012). Consonant Clusters and Structural Complexity. Berlin, Boston: De Gruyter Mouton USA.
Gallon, N., Harris, J. et van der Lely, H. (2007) « Non-word repetition: an investigation of phonological complexity in children with Grammatical SLI » Clinical Linguistics & Phonetics 21(6): 445-455.
Grimm, A. and Schulz, P. (2014), “Specific language impairment and early second language acquisition: The risk of over- and underdiagnosis” Child Indicators Research, Special Issue ‘Children at risk for adverse educational achievement’.
Orsolini, M., Sechi, E., Maronato C., Bonvino E. & Corcelli A. (2001) The nature of phonological delay in children with specific language impairment. International Journal of Language and Communication Disorders, 1, 63–90.
Maddieson I., Flavier S., Marsico E., Pellegrino F. (2011). LAPSyD: Lyon-Albuquerque Phonological Systems Databases, Version 1.0.http://www.lapsyd.ddl.cnrs.fr/
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