Le bébé signe et le développement de la communication et du langage chez les enfants entendants

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Sophie KERN , Lucie METRAL

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Cadre de l'étude et objectifs

Dans les années 80, Acredolo et Goodwyn constatent que les bébés emploient spontanément des gestes simples pour pallier les mots qu’ils ne peuvent dire. Selon elles, l’utilisation de ces gestes réduit la frustration des enfants, contribue à l’intercompréhension et ainsi la relation enfant-parents se trouve améliorée (Nathanaëlle Bouhier-Charles, 2013). Elles élaborent le ‘bébé signe’ qui consiste à accompagner le langage adressé à l’enfant de signes appartenant à la langue des signes afin d’améliorer la communication adulte-enfant. Le concept arrive en France dans les années 2005, par l’intermédiaire de Nathanaëlle Bouhier-Charles, fondatrice de l’association « Signe avec moi » et Monica Compagnys, auteure de nombreux ouvrages destinés à l’apprentissage des signes pour les enfants. Le concept prendra de l’essor dès 2006 avec le développement d’ateliers dans toute la France. Ces ateliers sont à destination des parents, mais également des professionnelles de la petite enfance, tels que des professionnelles de crèche. Les formatrices et bénéficiaires font des retours très positifs de l’utilisation de cette méthode. Bien que la littérature scientifique s’accorde sur l’importance de l’utilisation des gestes pour le développement du langage et de la communication chez l’enfant (Acredolo & Goodwyn, 1988 ; Goodwyn, 1986 ; Olson et Masur, 2013), cette même littérature scientifique n’arrive pas à s’accorder sur les bénéfices du Bébé Signe sur ces développements. Certains travaux montrent que l’acquisition du langage est plus précoce (Bonvillian et al., 1983a, 1983b, Holmes & Holmes, 1980) tandis que d’autres études expliquent que les enfants atteignent les étapes importantes de développement (premiers mots, combinaison de mots) aux mêmes âges (Capirci, Montanari & Volterra, 1998 ; Petitto et al., 2001).

Le projet développé conjointement par Sophie Kern (Laboratoire DDL, Lyon) et Stéphanie Gobet (Laboratoire FoReLLis, Poitiers) a pour objectif d’apporter des éléments de réponse à la question de l’effet de l’utilisation du Bébé Signe avec des enfants entendants.

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Le projet comporte plusieurs axes.

- Le premier axe porte sur l’utilisation du Bébé Signe en crèche avec des enfants entendants. C’est dans le cadre de cet axe que se déroule la thèse développée par Lucie Métral. L’objectif de la thèse est d’évaluer l’effet du Bébé Signe sur le développement du langage chez les enfants et sur l’interaction adulte-enfant en crèche. Pour cela, 8 crèches, réparties en 2 groupes appariés ont été inclues. Ces groupes contiennent chacun environ 20 professionnelles de la petite enfance et 50 enfants. Les professionnelles du premier groupe ou groupe contrôle ne sont pas formées au Bébé Signe. Celles du groupe expérimental sont formées au Bébé Signe pendant 2 jours par l’association Signe Avec Moi. La socio-démographie et les pratiques langagières des participants ainsi que le développement langagier, cognitif et moteur des enfants des deux groupes seront évalués par des questionnaires et des enregistrements audio-vidéos et comparées avant la formation, à 6 et 12 mois après la formation du groupe expérimental. Le groupe expérimental est filmé 5 jours de plus (2 jours de formations, 1 journée en crèche à 2 semaines, 3 mois et 9 mois après formation) pour permettre un suivi longitudinal de la communication entre les participants. Ce travail de thèse sera complémenté par une enquête auprès des crèches qui utilisent le bébé signe avec des enfants entendants. Cette enquête rendra compte des formations reçues, des pratiques mises en place et des retours sur expérience des personnes formées et des parents.

- Le deuxième axe porte sur l’utilisation du bébé signe par les parents avec leurs enfants entendants et l’évaluation du rôle de la pratique sur leur développement langagier. Des parents pratiquants le bébé signe seront interrogés sur leur formation, leurs pratiques du bébé signe et les avantages et inconvénients d’utiliser des signes avec leur enfant. Le développement du langage des enfants bénéficiaires sera comparé à celui des enfants entendants sans signe pour mesurer un possible effet des signes sur le développement de la communication. Les pratiques des parents et des enfants seront également observées grâce à des enregistrements audio-vidéos d’interactions parents-enfants au cours d’activités variées.

- Le troisième axe portera sur l’effet à plus long terme du bébé signe sur leur compétence communicative. Sera examiné en particulier le phénomène d’attrition du bébé signe au profit des mots vocaux. Pour ce faire, des enquêtes seront réalisées au sein des familles au moment de la scolarisation des enfants.

- Le quatrième et dernier axe consiste en une comparaison translinguistique et transculturelle de la pratique du bébé signe. Les formations et pratiques du bébé signe en crèche française seront comparées à celles des crèches italiennes. La comparaison avec l’Italie est particulièrement pertinente pour au moins deux raisons : Les enfants entendants tout venant italiens utilisent quantitativement et qualitativement plus de gestes que les enfants français et la pratique du bébé signe dans les crèches italienne est plus ancienne et plus répandue qu’en France.

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  Financements

• Labex ASLAN
  
  Labex ASLAN - Université de Lyon
  
• Allocation doctorale ED 3LA
  Évaluation de l'effet du Baby Sign sur la communication adulte-enfant et sur le développement langagier en crèche
  MESR
  
• Fondation de Poitiers
  Bébé signe et développement du langage et de la communication
  Fondation de Poitiers
  

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