L’introduction de méthodes computationnelles issues de la biologie évolutive en linguistique historique apporte un cadre nouveau pour étudier l’évolution des langues, permettant de tester des hypothèses d’affiliation linguistique et de datation, de spécifier et d’estimer les paramètres évolutifs impliqués dans l’évolution d’un groupe de langues donné. Pour être pertinente, l’application de ces méthodes dans le domaine de la linguistique historique doit tenir compte des spécificités des objets linguistiques par rapport aux objets biologiques pour lesquelles ces méthodes ont été conçues initialement. En effet, bien que les analogies de mécanismes entre évolution biologique et évolution linguistique soient flagrantes, elles restent d’un ordre trop général pour permettre une modélisation réaliste des processus d’évolution en linguistique. L’estimation des paramètres régissant les dynamiques évolutives des langues constitue donc un enjeu majeur pour une application raisonnée des méthodes phylogénétiques (et de la génétique des populations) à des fins de classification linguistique et d’analyse de la diversité des langues.
Ce projet a pour objectif de constituer une plateforme innovante pour la modélisation des phénomènes diachroniques. En effet, en l’état actuel de la réflexion sur les phylogénies linguistiques, il paraît fondamental de pouvoir estimer les taux des changements phonologiques. Mais cette estimation ne peut se faire sans la modélisation des processus régissant l’évolution des langues, et ce en partant nécessairement d’une quantification empirique des paramètres évolutifs impliqués. Il s’agit donc de partir des données pour aborder ces questions de quantification, afin de tenir compte aussi bien des universaux du changement phonologique que des spécificités de chaque groupe de langues. Ceci implique la compilation de données sur les changements phonologique pour un échantillon représentatif des langues du mondes, afin d’en extraire les tendances de changement et d’évaluer leur prévalence relative.