Le point de départ de ce projet est l’apparition, en 2001, d’une langue berbère encore non décrite, le tetserret, grâce au mémoire de maîtrise d’Abdoulmohamine Khamed Attayoub, mémoire qui parvient à Naïma Louali et à Gérard Philippson, tous deux chercheurs au CNRS, rattachés au laboratoire DDL, et travaillant ensemble sur le berbère. Cette langue du Niger, pays où seul la tamacheq était recensée pour le groupe berbère, s’avère être très intéressante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sa situation est assez exceptionnelle. En effet, parlée en plein coeur du domaine touareg par un seul groupe, les Ayt Awari Seslem, installés depuis longtemps et possédant en plein la culture touareg, son origine est énigmatique, et le fait qu’elle soit encore conservée est assez étonnant. Cette langue est toutefois en danger de disparition à court terme, puisque seul des adultes de plus de 40 ans la parlent couramment, tous étant bilingues en tamacheq. Ensuite, si elle appartient très clairement au groupe berbère, cette langue est très différente de la plupart des autres langues berbères, y compris du tamacheq. Certaines de ses caractéristiques linguistiques originales laissent à penser qu’elle se serait détachée d’un proto-berbère plus tôt que les autres langues du groupe. Ainsi, elle aurait conservé certains traits du proto-berbère que les autres langues auraient perdus.
L’objectif de ce travail de thèse est donc d’acquérir une meilleure connaissance de cette langue, afin d’en garder une trace, essentielle pour comprendre la diversité de l’espèce humaine. Il s’agit ensuite de comparer certains aspects de cette langue avec d’autres langues berbères connues : l’originalité linguistique de la tetserret devrait permettre d’expliquer certaines évolutions du berbère, et par là de mieux comprendre la situation linguistique actuelle de ce groupe de langue.